Nous pouvons distinguer plusieurs types d’ennui dont l’ennui ordinaire qui en identifie clairement l’objet : il a raté son train et sur le quai doit attendre un temps relativement long, elle a passé sa soirée à bavarder avec des inconnus alors qu’elle n'avait pas envie d'y aller.
Mais l'ennui qui nous pousse le plus souvent à toucher ce que nous évitons à tout prix est l'ennui sans objet. Heidegger parle d'ennui profond. C'est un ennui qui n'est pas en rapport avec une situation ou un motif précis. C'est un ennui de soi, je dois affronter le pur "être là", c'est-à-dire que je dois faire face à ma finitude.
Une fois adultes, sommes-nous capables de laisser un enfant s’ennuyer ? Sa petite rengaine « je m’ennuie » ne nous replonge-t-elle pas dans nos angoisses vécues au même âge ? Décidés à lui éviter du mal-être, ne lui trouvons-nous pas trop rapidement une activité pour combler son anxiété ?
Et pourtant, l'ennui permet de puiser dans ses ressources, son imagination. S'il en a le temps, l'enfant devient capable de déplacer
des montagnes. Il développe sa créativité. Il explore. Il invente. Il
donne à voir au monde qui il est. Il apprend à se
différencier pour autant qu’on le laisse faire. Il en ressort grandi.
Dans notre société, l'ennui est considéré comme du temps perdu, comme une menace pour l'efficacité, la productivité. Or, ce refus de l'ennui creuse petit petit le sillon de l'ennui profond. Perdu dans l'agir ou le divertissement, l'homme a parfois du mal à accéder à ses désirs propres. Paradoxalement, il croit que l'action lui permettra d'échapper au vide, à l'ennui alors qu'il l'entraîne dans une spirale où il ne sait plus comment retrouver sa curiosité, sa joie de vivre et devient, selon Fritz Perls, inquiet, morose, irritable....
Et si nous acceptions l'anxiété inhérente à notre condition comme le moteur qui va nous permettre d'aller vers nos désirs profonds et d'assumer nos choix !
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