mercredi 11 mai 2016

N'OUBLIE PAS L'INOUBLIABLE !

Ma conception du voyage avait changé : la destination importe moins que l'abandon. Partir, ce n'est pas chercher, c'est tout quitter, proches, voisins, habitudes, désirs, opinions, soi-même. Partir n'a d'autre but que de se livrer à l'inconnu, à l'imprévu, à l'infinité des possibles, voire à l'impossible. Partir consiste à perdre ses repères, la maîtrise, l'illusion de savoir et à creuser en soi une disposition qui permet à l'exceptionnel de surgir. Sans bagage et sans but.
"Y-a-t-il un désert dans ton pays ?", lui demande Abaygur. Je saisis sa question, elle signifiait : comment fais-tu pour réfléchir ? La vie intérieure se fortifie du vide extérieur. Là-bas, parviens-tu à te sentir libre ? La nature t'impressionne-t-elle par sa puissance ? La contemples-tu ? Trouves-tu ta place dans un univers exclusivement humain ? N'étouffes-tu pas parmi ces millions de gens et d'objets ? Où te réfugies-tu lorsque tu veux te retirer, te réjouir d'exister ?

Extraits de la Nuit de Feu - Eric-Emmanuel Schmitt -

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